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RELATIONS COMMERCIALES ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LA CHINE : RETOUR SUR UN MOIS DE MARS AGITÉ

Après avoir annoncé, le 1er mars dernier, vouloir relever les droits de douane sur l’acier et l’aluminium, le Président américain Donald Trump a signé le 8 mars un décret qui porte leurs taxes à respectivement 25% et 10%. Ce décret renvoie aux promesses protectionnistes faites aux Américains durant sa campagne présidentielle. « Je tiens une promesse que j’ai faite en campagne et que j’ai faite pendant une grande partie de ma vie » a-t-il déclaré, jugeant que les États-Unis avaient été pendant des décennies victimes de pratiques commerciales qu’il qualifie « d’agressives ». Ces mesures devaient concerner tous les pays exportateurs d’acier et d’aluminium, mais l’Union Européenne ainsi que le Canada et le Mexique en sont exemptés pour le moment. Ce qui n’est pas le cas de la Chine.



Deux semaines plus tard, le 22 mars, le Président américain va plus loin encore, et annonce des taxes à hauteur de 50 milliards de dollars sur les produits importés de Chine. Ces mesures sont pour l’administration américaine un moyen de préserver le secteur des hautes technologies. Donald Trump assure vouloir mettre un terme au vol de propriété intellectuelle venant de l’Empire du Milieu. Ce qui ne tarde pas à faire réagir Pékin, qui annonce également une liste de 128 produits Américains qui seront susceptible d’être taxé entre 15% et 25% en cas d’échec des négociations avec les États-Unis, ce qui représente environ 3 milliards de dollars d’importations. Mais la Chine laisse tout de même la porte des négociations ouverte : « La Chine ne veut pas d’une guerre commerciale, a indiqué le Ministère du Commerce, dans un communiqué. Mais la Chine n’a en aucun cas peur d’une guerre commerciale. ». En d’autres termes, le déclenchement d’une guerre commerciale ne dépend que des États-Unis. Pour le moment, les investisseurs s’inquiètent de cette escalade, et ce sont les bourses chinoises qui accusent le coup : la bourse de Pékin chute à plus de 3% en clôture, tandis que celle de Shanghai plonge à 4,5%.


Le 2 avril, la Chine relève effectivement ses droits de douanes sur les produits mentionnés dix jours plus tôt. Les États-Unis répliquent alors en publiant une liste de 1.300 produits susceptibles d’être taxés, représentant 50 milliards d’importations. Pékin réagit en annonçant vouloir à nouveau augmenter ses tarifs douaniers, pour atteindre 50 milliards de dollars d’exportations américaine vers la Chine. Les produits choisis par Pékin sont loin d’être anodins, on retrouve notamment dans la liste le soja. En effet, il est très important pour les exportateurs américains, et Donald Trump n’a aucun intérêt à ce que les agriculteurs se retournent contre lui.



Cependant, dans un entretien au Monde, Lionel Fontagné, professeur à l’uni­versité Pa­ris-I-Panthéon-Sorbonne et expert des questions commerciales, explique qu’entre les États-Unis et la Chine, il s’agit plus d’une bataille technologique qu’une guerre commerciale, car les Américains redoutent de se faire rattraper par la Chine. Alors que la taxation de l’acier et de l’aluminium relevait du conflit commercial traditionnel, Washington craint également le plan de politique industriel Chinois « Made in China 2025 » qui pourrait marquer un tournant et faire de la Chine la première puissance économique mondiale.


Mais, toujours selon Lionel Fontagné, la bataille technologique menée par Washington risque également de pénaliser l’économie américaine, car beaucoup d’entreprises utilisent des composants fabriqués en Chine pour la fabrication de produits assemblés sur le territoire national. Cependant, Donald Trump risque d’aller plus loin pour tenter d’endiguer la montée technologique de la Chine en interdisant à Pékin d’investir dans certains secteurs technologiques, ou encore d’exporter de la technologie de pointe sur le sol chinois.


Enfin, si Washington restreint ses relations technologiques avec la Chine, c’est l’Europe et le Japon qui pourraient bien profiter de partenariats avec des entreprises Américaines…

À suivre …


Crédit Photos : AFP







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