top of page

ALIBABA : GARANT DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE CHINOISE

Jack Ma – dirigeant et fondateur d’Alibaba – a annoncé, il y a quelques semaines, prévoir un plan d’investissement de 15 milliards de dollars d’ici à 2020 dans la R&D du groupe. Cela est bien le signe que le groupe chinois prévoit, et souhaite pérenniser une forte croissance dans les années à venir. En effet, le géant du e-commerce connaît, depuis plusieurs années maintenant, une croissance fulgurante grâce à son implantation stratégique sur le continent asiatique. Malheureusement, l’économie chinoise, quant à elle, n’est pas au beau fixe. Depuis peu, elle connaît un ralentissement de sa croissance. Ainsi, avec une croissance annuelle à deux chiffres, Alibaba se positionne aujourd’hui clairement – avec Tencent – comme le chef de file d’une révolution économique bien décidée à assurer la croissance chinoise.

LA NAISSANCE D’ALIBABA


Des années après avoir été refusé dix fois de Harvard, mais aussi par KFC lorsqu’il cherchait un job étudiant, Jack Ma crée en 1999, avec dix-sept autres associés, ce qui sera plus tard l’une des plus grandes entreprises mondiales : Alibaba. Alors qu’Internet et les Personal Computer ne sont pas encore développés comme aujourd’hui, le projet des dix-huit associés fait mouche : dès sa première année, il lève près de 25 millions de dollars auprès de diverses institutions financières, dont Softbank ou Goldman Sachs. Et pour cause, il est prometteur : il met en lien un continent asiatique en pleine expansion, et des nouvelles technologies de plus en plus répandues.


Mais cela n’a pas été si simple de mettre en œuvre ce projet. Effectivement, en 1995, Jack Ma commence par créer sa première entreprise – China Pages – qui est un site d’annonces en ligne. Mais à l’époque, le gouvernement chinois reste un obstacle de taille dans le développement d’Internet dans le pays, dont la mention dans la presse est notamment interdite par décret dans les années 1990. Mais Jack Ma ne se laisse pas abattre, voyant dans Internet un potentiel économique énorme. Ainsi, il se lance lui-même dans sa démocratisation dans son pays natal. Pour cela, il arrive à convaincre les dirigeants du Quotidien du Peuple (principal organe de presse officiel de Pékin) de mettre leur journal en ligne. C’est ainsi qu’il a pu, quatre ans plus tard, créer son entreprise de mise en relation de particuliers dans leurs échanges commerciaux.


Six ans plus tard, il est nommé « jeune dirigeant global » par le Forum Économique Mondial (ou Forum de Davos) ; puis quatre ans plus tard, en 2009, il contrôle plus de 80% du commerce en ligne chinois. Et en un an, sur l’année 2013, la plateforme enregistre près de 300 milliards de dollars de transactions réalisées. Aujourd’hui, 11% des ventes de détails en Chine, et 75% des ventes en ligne, passent par le géant national. Depuis 2014, date de son entrée à la Bourse de Wall Street, Alibaba n’a de cesse d’être surnommé le « Amazon chinois », bien que le service rendu par les deux plateformes ne soit pas le même. Si Amazon est aujourd’hui un distributeur en ligne, disposant de ses propres entrepôts, son homologue chinois, lui, ne sert que d’intermédiaire, de place de marché, mettant en relation acheteurs et vendeurs.


UN RALENTISSEMENT DE L’ÉCONOMIE CHINOISE


Depuis plusieurs mois, la croissance chinoise ralentit. Bien qu’elle reste encore supérieure à celle des pays occidentaux, elle est aujourd’hui de 6,5%, alors qu’elle était de 14% il y a dix ans. Le plus inquiétant est sa tendance baissière depuis 2010. Et la situation conjoncturelle semble confirmer cette évolution. En effet, ces derniers mois, la production industrielle et les ventes de détail en Chine ont nettement ralenti : c’est le signe de la fragilité actuelle de l’économie chinoise, mais également du défi, pour le gouvernement, de la stabiliser, tout en luttant contre un endettement national dépassant les 250% du PIB (en termes de dette privée et publique).


Taux de croissance du PIB chinois depuis 1960

Taux de croissance du PIB chinois depuis 1960

L’économie souffre du ralentissement du marché immobilier depuis plusieurs années, qui pénalise par conséquent la consommation des ménages : les marchés de l’automobile, de biens électroménagers, de meubles, et de matériaux de construction voient ainsi leurs ventes dégringoler, dans une économie pourtant en pleine expansion démographique et économique. L’émergence d’une vaste classe moyenne peine donc à aboutir. La porte-parole du BNS, Liu Aihua, a notamment déclaré que « la conjecture intérieure recelait toujours de risques potentiels et de défis à relever », sachant « qu’il subsiste de nombreux facteurs d’instabilité et d’incertitudes » dans le pays.



ALIBABA, POTENTIEL CHEF DE FILE ?


Un chiffre suffirait à exprimer cela : alors que, comme nous l’avons dit, la Chine connaît une croissance annuelle de 6,5% actuellement, dans le même temps, Alibaba voit ses revenus augmenter dix fois plus vite. Et pour cause, comme nous l’avons vu, Alibaba domine le marché chinois, et plus largement asiatique. Car, si initialement, la plateforme n’était destinée qu’à l’Empire du Milieu, face à son succès dans les années 2000, Jack Ma n’a eu d’autre solution que d’exporter son concept, ou d’asseoir son pouvoir, sur tout le continent. C’est dans cet objectif qu’en 2016, le groupe Alibaba a racheté Lazada, et y a investi plus de 4 milliards de dollars, pour avoir la mainmise sur l’Asie du Sud-Est. Le 11 novembre 2016, lors de la « Journée des célibataires », le site a enregistré pas moins de 17,8 milliards de dollars de transactions effectuées. En comparaison, lors du « Black Friday » de la même année, le volume des ventes ne représentait que 3,34 milliards de dollars.


Mais Jack Ma ne compte pas s’arrêter uniquement au continent asiatique, et a bien compris que s’il voulait voir encore plus grand, il allait falloir se tourner vers les pays occidentaux, et concurrencer directement des géants comme Amazon ou Ebay. Pour cela, le groupe a signé en 2014 un accord avec le gouvernement français pour accroître la visibilité de ses produits dans l’Hexagone. C’est notamment grâce à ces différents choix stratégiques que le groupe se positionne aujourd’hui comme un leader incontesté dans son domaine, avec un chiffre d’affaires annuel de 23 milliards de dollars en 2016, ou encore une capitalisation boursière d’environ 500 milliards de dollars en septembre 2017.


Conscient de sa position convoitée, le géant chinois entend bien conforter sa place. C’est pour cela qu’il a décidé d’investir 15 milliards de dollars en R&D dans les deux prochaines années, justement pour conserver son rôle. Mais ce n’est pas tout, le groupe est également à l’origine d’une nouvelle stratégie en vue de redéfinir le commerce : le « New Retail ». L’idée repose sur la construction d’un « écosystème de ventes » fusionnant, d’une manière novatrice, les canaux online et hors ligne, afin de centrer l’attention sur le consommateur. Plus simplement, l’objectif est d’offrir aux consommateurs des expériences de consommation totalement sur-mesure, en utilisant les données collectées de leurs recherches Internet. Ce nouveau mode de fonctionnement est déjà mis en place, par ailleurs, dans des points de vente chinois.



Alibaba apparaît donc clairement comme le futur de la croissance économique chinoise. Situé sur un marché asiatique prometteur, et profitant de l’évolution constante des nouvelles technologies, le géant du e-commerce souhaite désormais développer son activité en Europe et en Amérique ; ce qui, une fois de plus, laisse penser à un avenir radieux pour le groupe.

bottom of page